Les MEPAG’s : petite histoire des origines

Au début des années 90, on parlait de “maisons pour personnes âgées” ou de
“pensions”, quand l’Etat Genevois a décidé de soumettre, comme condition à leur
exploitation, la présence d’un directeur et d’un médecin “répondant”, sans plus
de précision.

Lors d’une semaine de formation “Ethique et Fin de Vie” à Sion, avec un certain
nombre de pionniersdu mouvement des Soins Palliatifs en Romandie, a surgi en
discussion le thème de la dispersion des objectifs de nos établissement et d’y
remédier.

De retour à Genève, nous avons passé une soirée hivernale entre amis, animée,
amicale et informelle, dans la cuisine d’Eric Bierens de Haan avec Roland
Weil, soirée où est né le noyau de ce qui devait devenir les Mepag’s.

Nous voulions essayer de mettre une certaine unité dans un monde qui n’en avait
guère, élaborer des formations pluridisciplinaires (ce qui n’était pas commun du
tout à l’époque), défendre les intérêts de nos résidents et de ceux qui exerçait cette
fonction mal définie de médecins répondants et d’en préciser le rôle.

Sous l’impulsion d’Eric B., initiateur et promoteur principal que nous avons
épaulé Roland et moi, sont nées les grandes lignes de nos projets qui se sont
réalisés lentement au cours des années suivantes. Est né également, bien sûr, le
groupe professionnel réunissant l’ensemble des médecins répondants, devenu peu
à peu un interlocuteur à part entière du monde des EMS.

Formation : un WE Validation avec Naomi Feil a eu lieu en février 94, premier
d’une longue série de modules multidisciplinaires d’amélioration de la prise en
charge de nos patients présentant des troubles cognitifs. En soins palliatifs, mise
en œuvre de la première formation commune médecins-infirmières en modules
débouchant sur une certification hors circuit académique, organisée par le noyau
de base des Mepag’s, assistés de Charles-Henri Rapin et de Nathalie Steiner.
Cette formation a été suivie de la création de l’Unité Mobile de Soins palliatifs et
est à l’origine des structures actuelles.

Rôle des médecins répondants : tout était à faire ! Un cahier des charges
commun, organiser une présence active des médecins dans leur propre EMS
(participation à l’organisation des soins et aux décisions générales) et dans les
projets de politique de la santé impliquant les personnes âgées et dépendantes
(FEGEMS, département, commissions sur les sujets de DA, assistance au suicide,
commissions d’Ethique). Enfin, toute tâche méritant considération et salaire,
organiser et unifier tant que possible la rétribution des médecins répondants a été un
projet laborieux. Il nous a fallu être patients et tenaces, mais notre rôle et notre
présence sont acquis. Il faudra les maintenir…

Trente-cinq ans plus tard, le monde a changé, les EMS ont remplacé les
pensions, certains de nos projets ont abouti et d’autres devraient être rajeunis,
réactivés ou inventés. I me semble, avec le recul, que le travail de fourmis des
pionniers n’a pas été inutile. Notre futur est incertain, les défis humains et pour
l’humain sont gigantesques, mais l’esprit qui animait le trio dont je suis le seul
survivant doit rester vivant si nous voulons survivre et progresser.

Dr Jacques Lederrey, ancien Président des Mepag’s

Novembre 2023